La Fête d'Halloween (1)

Publié le par Raziel

La Fête d’Halloween.

 


Cette nuit était la soirée d'Halloween et au milieu d'une petite clairière, éclairée sur toute sa surface par la Lune presque pleine, on pouvait distinguer une flamme de taille moyenne s'agiter. Un groupe de personnes semblait fêter cette soirée autour d'un feu au milieu d'une forêt. Derrière eux il y avait un amas de pierres légèrement dissimilé par les arbres et les feuillages en tout genre. L'endroit rêvé pour une soirée telle que celle-ci, même si la Lune rendait l'endroit moins lugubre.

-Saya, tu peux m’envoyer les myrtilles, s’il te plait. fit soudain la voix d'une femme, brisant le bruit du crépitement du bois.

Elle chercha un instant le plat du regard et sourit en le trouvant parmi tous les autres placés sur une couverture à proximité du feu pour bien différencier les plats et leur contenu. Elle prit alors le plat de sa main libre et le tendit vers celle qui l'avait demandé.

-Merci.

Saya lui sourit de nouveau et mordit à pleines dents dans la cuisse de poulet qu'elle tenait.

Il y avait neuf personnes autour de ce feu et toutes ne semblaient pas rassurées. Leurs mouvements étaient silencieux et l'ambiance froide, voire même glacée. Personne ne cherchait à briser ce silence pesant pour raconter une quelconque histoire en rapport ou non avec la fête de ce jour. Chacun mangeait reclus sur lui-même, la lumière des flammes faisant onduler leur ombre et la chaleur du feu leur chatouillant plus ou moins le visage selon leur proximité du brasier. La clairière ne semblait pourtant nullement hostile. La lune éclairait chacun de ses recoins, assez pour distinguer une quelconque ombre y pénétrer. Et le feu était assez impressionnant pour chasser n'importe quel animal sauvage voulant s'aventurer en cet endroit. Mais la tension ne venait pas de l'endroit en lui-même mais d'autre chose. Saya lâcha tout à coup son poulet et se leva.

-Lili ! Un groupe arrive.

-Combien Saya ?

-Une vingtaine.

Elle lâcha immédiatement son plat de myrtilles et se leva.

-Ils ne peuvent pas fêter Halloween comme tout le monde ! A combien sont-ils d’ici ?

-A environ deux kilomètres mais ils seront là dans moins de cinq minutes.

-Préparez-vous, il va falloir les repousser. Donnez-vous à fond, ils sont vingt. hurla-t-elle comme pour réveiller ceux que le repas avait endormi.

-Nous avons beau être neuf dont quelques Elémentaux, nous ne ferons peut-être pas le poids face à eux. grinça-t-elle entre ses dents pour elle-même.

Un vent frais circula soudain entre eux portant un message. « On arrive » disait-il.

-Ils osent nous narguer en plus. s’exclama un des hommes.

-Reste calme James, ils cherchent à nous déstabiliser.

La première flèche de glace siffla et la femme la plus avancée la fit fondre d’un geste de la main, les hostilités venaient de commencer.

-Bien joué Elizabeth. siffla Saya.

-James ! Dresse-nous de quoi nous protéger un minimum. ordonna Lili.

L'homme ne répondit pas et s'exécuta dans la seconde en posant sa main droite sur le sol et créant un monticule de terre devant eux pour les protéger des tirs.

En effet les assaillants étaient venus à dix-neuf et ils furent rapidement submergés par les tirs à distance. Le monticule de terre protecteur avait volé en éclats en divers endroits et un des hommes, placés à proximité des flammes se prit une flèche dans l'épaule et posa un genou à terre.

-Stan ! cria une jeune femme en se précipitant vers lui.

-Merde, elle est passée malgré mes boucliers. maugréa l'homme en retirant la flèche de son épaule et grimaçant fortement. Désolé Iola, je ne l'ai pas venu venir. ajouta-t-il en levant la tête vers la jeune femme.

-Je vous couvre. lança Elizabeth en se plaçant derrière le feu et le manipulant dans des gestes amples jusqu'à ce qu'il forme un mur qui semblait indestructible.

-Je vais te soigner, ce sera vite fait. fit Iola en lui faisant un clin d'oeil et posant ses mains à plat sur la petite plaie, la flèche ne s'était pas bien enfoncée, quelques centimètres à peine. La plaie cicatrisa en un instant et l'homme se releva en faisant des ronds avec son épaule.

-Impeccable. fit-il en souriant largement.

Ils se tournèrent de nouveau vers l'orée de la clairière, froncèrent les sourcils et reprirent leur tirs à une cadence soutenue.

Heureusement pour eux la plupart des ennemis étaient faibles et ils les firent fuir rapidement. Au bout d’une dizaine de minutes, sept avaient fui sans demander leur reste.

Les tirs cessèrent tout à coup. Lili tourna la tête vers Iola, le regard interrogateur. Elle haussa les épaules en simple réponse.

-Ils préfèrent le corps à corps. s’écria soudain Stan. Ils arrivent !

La chef du groupe fit un signe de tête vers lui en approbation. Elle matérialisa alors une épée invisible et ils passèrent tous à découvert, abandonnant leur faible protection qu'était le monceau de terre. Un homme aborda immédiatement Lili.

-Un mystique Feu, évidemment. maugréa-t-elle en se mettant en garde.

Dans la lutte, elle perdit rapidement de vue ses compagnons. De plus ce mystique Feu maîtrisait parfaitement son katana et elle faillit y laisser à plusieurs reprises un bout de chair lors de ses contre-attaques. Mais en dehors de sa vitesse pour contre-attaquer, il manquait d’expérience et ne fit pas le poids face à son épée. Elle le blessa gravement à l’épaule. Il lâchât immédiatement son arme et fuit.

Elle eut à peine le temps de vérifier que ses compagnons allaient tous bien, qu’un autre se rua sur elle. Un mystique Vent en déduisit-elle à la vue de son hallebarde.

Elle s’aperçut rapidement qu'elle avait le dessus et lui aussi. Il restait sur la défensive et la maintenait à distance. Il ne voyait pas son arme et c’était un désavantage certain pour lui.

Soudain il fit un bon en arrière, lui sourit et disparut. Son sang ne fit qu’un tour. Elle courut à toute vitesse vers Elizabeth. Celle-ci était aux prises d’un mystique Terre, qu’elle menait par le bout du nez, et d’un mystique Glace qui tirait ses flèches sans résultat.

-Elizabeth ! Un mystique Vent, trouve ce salaud et tue le ! Je m’occupe de ces deux là.

Elle fit un bon en arrière et le mystique Terre dévisagea Lili, perplexe. Elizabeth lui fit alors un signe de la tête et partit tuer son ancien adversaire. Elle était capable de détecter la chaleur d’un corps humain et ne tarderait pas à le retrouver.

Lili se tourna vers son ennemi qui la dévisageait d’un air ahuri sans comprendre la situation. Il resta de marbre mais le mystique Glace décida de prendre les devants en tirant une flèche. Elle la fit dévier, bien que ceci n’était pas nécessaire vu la trajectoire qu’elle avait prise. Elle fit alors apparaître son hallebarde et le mystique Terre revint à lui, comme si le fait de la savoir mystique Vent l’avait fait revivre. Certes il était censé être à son avantage mais vu son niveau apparent, elle en doutait. En effet elle ne mit pas longtemps à le faire lâcher son arme et lui transpercer l’omoplate, ce qui lui fit pousser un énorme cri de douleur. Elizabeth avait du s'ennuyer ferme lors de son combat en déduisit-elle. Elle aperçut l’archer tressaillir et son ennemi s’étala sur le sol. Elle se précipita sur l’archer, cette fois c’était à son avantage. Il tira deux ou trois flèches mais, trop nerveux en raison de son approche rapide, il la manqua et se retrouva en un instant la lame de son arme dans la cuisse. La douleur étant sûrement insupportable, vu que la lame sortait de l’autre côté, il ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Elle retira la lame dans un geste sec et il tomba à genoux. Il tenta alors de lui planter une dague mais, trop lent, elle eut largement le temps de lui couper ce qui la portait. Cette fois il hurla ce qui ne lui fit ni chaud ni froid : il n’avait qu’à rester à terre sans bouger, il aurait encore sa main droite.

Elle fit un tour d’horizon du regard, ses compagnons étaient encore tous debout. Elle ne vit pas Elizabeth mais savait qu’elle traquerait le mystique Vent jusqu’à ce qu’il soit mort. Iola semblait toutefois en difficulté et elle se précipita vers elle.

-Iola !

-Lili… lui répondit-elle. Elle était largement dominée par les trois mystiques qui lui faisaient face.

-Tous des mystiques Glace, les salauds et à trois sur moi !!

Arrivée à sa hauteur elle prit sa pose de combat, la hallebarde pointée sur l’un d’eux. Il la regarda un instant avant de foncer sur elle. Il avait deux longues dagues, une dans chaque main. Mais cet idiot s’empala presque tout seul. Elle écarquilla les yeux et se demanda à quoi il pensait en fonçant sur elle de la sorte, toujours est-il qu’il a trébuché et s’est retrouvé avec un trou dans l’abdomen. Elle posa ensuite la plante de son pied sur sa cuisse et tira d’un coup sec pour dégager son hallebarde avant qu’un autre ne se rue sur elle et la prenne au dépourvus. L'homme tomba à la renverse dans un bruit mat et un léger gémissement. Elle chercha Iola du regard et la vit non loin toujours aux prises des mystiques Glace.

Elle accourut vers elle et lorsque l’occasion se présenta, ce qui ne mit pas longtemps, elle engagea le combat avec l’un d’eux. Lorsqu'elle fit enfin voler son arme en éclats, à sa grande surprise, celui-ci détala comme un lapin. Elle se tourna vers Iola et vit son ennemi partir aussi vite que le sien. Elle regarda Iola et elles éclatèrent de rire avant de se séparer pour aider les autres.

Malheureusement elle ne put pas, un mystique Feu lui barra la route et lui sourit, un cimeterre à la main, elle le reconnut immédiatement.

-Comme on se retrouve ! lança-t-il.

Elle jeta immédiatement un coup d’œil à son épaule. Son vêtement était déchiré mais aucune trace de la blessure. Elle comprit immédiatement. Il était évident qu’un mystique Eau assez puissant se cachait en retrait et soignait ceux qui n’étaient pas trop gravement blessés. Le fait qu'ils aient été submergé rapidement venait de là. Ils les blessaient, eux fuyaient et revenaient comme si de rien n’était. Ils étaient vingt, comme l'avait dit Saya, mais ils auraient pu être cent, la situation aurait été similaire.

Le tintement de sa lame sur son hallebarde la fit revenir à la réalité. Elle n’avait pas le choix, elle devait le tuer et les autres devaient aussi mourir.

Bien que sans blessure, son niveau au corps à corps n’avait nullement augmenté et son cimeterre glissa le long de l'hallebarde, celle-ci s’enfonça alors dans son cœur et il mourut sur le coup. Il fallait transmettre l’information au plus vite aux autres.

Elle posa un genou à terre, restant toutefois sur ses gardes, et murmura.

-Un mystique Eau se terre dans les bois, ils soignent les blessés alors tuez les. Je vais voir ce mystique.

Elle souffla alors, telle la provocation reçue au commencement des hostilités, le message venait de partir.

Elle se releva et courut vers les bois, son hallebarde toujours à la main. Toutefois il était préférable qu'elle change d’arme. Elle fit donc disparaître son arme et se procura une double lame, d’un bleu ciel presque transparent.

En pénétrant dans les bois elle le vit non loin de l’orée. Il était seul debout et l’observait courir vers lui. Elle s’arrêta à quelques mètres de lui. Il sourit puis prit la parole.
-Alors vous avez deviné que j’étais ici ?

-Un blessé qui ressort des bois indemne, c’est assez louche.

-Je vois, je suppose que ça devait arriver.

Il posa ses yeux sur sa double lame et sourit de nouveau.

-Vous êtes venu dans l’idée de vous battre, on dirait ?

-C’est vous qui nous avez attaqué, je vous rappelle !

-En effet, dans ce cas je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin.

Il tendit sa main droite et une épée à fine lame et double tranchant apparut. Elle était bleu foncé et le manche légèrement plus clair.

-Je lance les hostilités.

Il se précipita sur elle et elle bloqua sans mal sa lame. Un large sourire se dessina sur son visage. La lame se liquéfia et traversa la sienne avant de redevenir dure comme fer. Elle eut juste le temps de voir venir le coup et de l’esquiver. Elle l’avait complètement sous-estimé. Il fit un geste sec du poignet et la lame se liquéfia de nouveau, formant un fouet. Il le fit alors tournoyer habilement au dessus de sa tête. Un instant plus tard, elle était littéralement assaillie de coups. Elle les esquiva ou repoussa tous sans trop de problème.

Il fit la moue voyant que son fouet ne donnait rien. Il fit donc revenir la lame et plongea sur elle. Cette fois, c’était à son tour de jouer.

Une de ses lames claqua contre la sienne, elle ferma alors les yeux un bref instant et se retira. Elle venait de geler sa lame de l’intérieur de telle sorte qu’il ne s’aperçoive de rien. Il revint à la charge et sa lame s’écrasa de nouveau contre la sienne. Elle glissa à gauche et fit tourner par la même occasion son arme, repoussant ainsi sa lame vers la droite, son autre lame prête à lui porter un coup. Surpris par son agilité, elle parvint à lui arracher un bout de chair au niveau de la jambe droite. Cette blessure fit rapidement tourner la situation à son avantage. Il restait sur la défensive. Blessé, ses mouvements étaient moins rapides et face à une double lame de glace, il ne pouvait rien. Il était étrange qu'il ne se régénère pas mais elle n'y prêta pas attention, trop concentrée sur le combat. Il tenta de revenir au fouet et se figea un instant devant le résultat : il avait toujours sa lame. Une fois de plus, elle lui arracha un bout de chair, mais cette fois-ci au niveau de l’épaule. Il grimaça et étouffa un cri entre ses dents. Elle l’avait poussé à bout et allait en subir les conséquences. Il se recula et sourit. Lili arqua un sourcil devant sa réaction. Mais elle comprit rapidement lorsqu'elle se retrouva bloquée. Un serpent venait de l’enlacer, un serpent bleu plus précisément. Son sang se glaça littéralement.

-Ce salaud en a invoqué un sans que je m’en aperçoive ?! Non, le serpent était là avant mon arrivée. pensa-t-elle.

Il lui était impossible de bouger et l'homme s’approcha d'elle, lentement, sa blessure devait plutôt le faire souffrir. Arrivé devant elle, il sourit largement.

-Magnifique n’est-ce pas ?

Le serpent resserra son étreinte. Elle préféra alors ranger son arme, elle ne lui servirait plus. Allait-il seulement la tuer ? Il leva sa lame et piqua son épaule droite de sa pointe. Un peu de sang coula alors sur sa peau. Il posa ses yeux dans les siens et enfonça d’un coup sec la lame. Elle traversa de part en part son corps. Sous la douleur elle renversa la tête en arrière et un cri, légèrement étouffé en raison de l’étreinte, se fit entendre. Il retira la lame d’un geste brusque et sa tête retomba. Elle avait les larmes aux yeux et le regard vide posé sur sa ceinture. Il enfonça la lame dans l’autre épaule de la même manière et elle cria de nouveau, gardant toutefois la tête immobile. L’étreinte se relâcha et elle tomba à genoux, incapable de bouger les bras. Il s’agenouilla alors devant elle.

-Ta fin est arrivée. lui souffla-t-il au visage.

-Même pas en rêve, salaud ! pensa-t-elle à voix haute.

Interloqué par sa phrase, il se releva brusquement et l’insulta. Tout en grimaçant de douleur, elle se hissa sur un pied et se retrouva donc un genou à terre.

-Que de souffrances inutiles ! lança-t-il en souriant.

Elle releva la tête et posa ses yeux dans les siens.

-Vraiment ?!

Il écarquilla les yeux, apparemment surpris de la voir lutter ainsi.

-Parfaitement ! hurla-t-il en se ruant sur elle.

Elle roula de côté et disparut. Elle préféra ne pas bouger et l’observer, invisible. Il la chercha du regard et pesta avant de se diriger vers ses compagnons. Il fallait absolument qu'elle les prévienne. Elle murmura de nouveau.

-Un mystique Eau arrive, un Servant serpent avec lui. Ne vous laissez pas surprendre.

Elle souffla, un autre message venait de partir.

Elle resta un moment terrée ici mais fut rapidement prise de panique. Et si les autres en avaient aussi ?! Elle se leva péniblement, le sang coulait le long de ses bras. Elle chercha du regard la moindre trace d’un autre et ses doutes furent vite confirmés. Elle se figea instantanément à sa vue. Un loup d’un rouge vif, la queue enflammée, passa devant elle en courant. Son sang ne fit qu’un tour.

-Il faut que je prévienne Soma et rapidement. chuchota-t-elle pour elle-même.

Elle se leva péniblement et une petite tornade se forma alors autour d'elle. Celle-ci prit doucement de l'ampleur avant de la faire disparaître et de se dissiper elle-même.

Publié dans Les Sages

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