La Maladie du Coeur (4)

Publié le par Raziel

Après qu'elle eut avalé les deux obélisques et goûté à la viande, Marlène demanda à Hurlit comment il trouvait son repas. Le jeune médecin déglutit et lui répondit ensuite.
-C'est excellent malgré le fait que cela ne soit pas aussi présentable que ton repas. avoua-t-il. Et le tien, comment est-il ?
-Très bon aussi. répondit-elle.
Marlène hésita un instant puis reprit la parole.
-Tu veux goûter ? lui demanda-t-elle en pointant son plat du doigt.
Il regarda son assiette et son visage à tour de rôle puis acquiesça d'un mouvement de tête. Visiblement, il ne s'y était pas attendu.
-Je veux bien, oui. dit-il en souriant doucement.
Hurlit s'empara de sa fourchette et la lui tendit. Elle piqua un morceau de viande qu'elle accompagna d'un morceau de pomme de terre provenant de la bordure de l'allée et la lui tendit, pleine. Il approcha sa main pour reprendre son couvert quand soudain elle ramena la fourchette à elle en souriant en coin. Hurlit écarquilla en grand les yeux, surpris.
-Premièrement, tu va rincer ta bouche avec un peu de vin pour faire fuir le goût de ton plat que tu as en bouche. affirma-t-elle.
Hurlit haussa un sourcil mais s'exécuta, l'ordre n'était pas des plus loufoque et se comprenait aisément.
-Deuxièmement, tu vas fermer les yeux et ouvrir la bouche.
La bouche de Hurlit s'entrouvrit sous l'étonnement et ses yeux s'ouvrirent en grand. Un léger son fut émit par ses cordes vocales sous la surprise. Il ne sut que protester mais se plia à cette règle que finalement il ne trouvait pas si déplaisante.
-Troisièmement étant donné que c'est mon plat c'est moi qui le place dans ta bouche.
Hurlit sourit en coin, lors du second ordre, il s'était bien douté de ce qui allait suivre. Il patienta un instant et sentit sa présence non loin de lui. Elle s'était levée de sa chaise et avait désormais le buste au dessus de la table. La fourchette glissa lentement sur sa lèvre inférieure et le fit frissonner légèrement. Marlène riait doucement et sa voix se fit finalement entendre.
-Tu peux fermer la bouche. déclara-t-elle.
Hurlit ne se fit pas prier et Marlène retira le couvert de sa bouche.
-Mais n'ouvre pas les yeux ! lui ordonna-t-elle vivement. Tu peux manger bien évidemment.
Un bruit sourd se fit alors entendre, Marlène venait de se laisser retomber sur sa chaise. Hurlit se mit à mâcher lentement ce que Marlène avait mis dans sa bouche et imprégna ses papilles des saveurs du plat. Il ne doutait pas une seule seconde que Marlène l'observait avec insistance. Les unes après les autres, les différentes saveurs se diffusaient dans sa bouche et envahissaient son palais en se mélangeant aux précédentes. Il déglutit finalement et prit la parole, gardant les yeux fermés. Il avait décidé de jouer le jeu jusqu'au bout. Marlène le remarqua aisément, ce qui l'amusa. Elle ne lui ordonna toutefois pas d'ouvrir les paupières.
-C'est vraiment excellent. affirma Hurlit. Tous les plats sont ainsi ? demanda-t-il.
-Tous ceux que j'ai goûtés sont ainsi, oui. répondit Marlène alors que son sourire s'agrandissait.
Hurlit s'efforçait de garder les yeux fermés et, à l'observer, on pouvait distinguer que cela commençait à l'embarrasser. Il voulait pouvoir la regarder et reprendre le repas mais préférait continuer à jouer le jeu.
Un court silence s'ensuivit, Marlène émit un léger gloussement et prit la parole.
-Tu voudrais bien me faire le plaisir de manger une cuillerée les yeux fermés ? le questionna-t-elle. Ensuite tu seras autorisé à ouvrir les yeux.
Hurlit fronça alors les sourcils, non pas que son idée lui déplaisait, mais il cherchait à se souvenir où il avait posé sa cuillère avec exactitude. Sa main s'était d'ailleurs suspendue au-dessus de son assiette juste après la question de Marlène, qui bien évidemment en avait conclu qu'il acceptait. Sa main survola son assiette lentement et se dirigea vers la droite. Marlène la suivait des yeux, amusée. Elle s'arrêta au dessus du couteau, Marlène sourit en coin, s'il s'emparait du couteau cela pourrait devenir drôle. Elle imagina alors la scène et un large sourire apparut sur son visage. La main descendit ensuite vers la table et la jeune femme écarquilla les yeux en grand, impatiente.
Hurlit émit alors un léger ricanement et sa main glissa vers la droite pour s'emparer sans aucun problème de la cuillère. Marlène en resta bouche bée.
-Je suis sûr que tu m'as imaginé en train d'essayer de manger avec le couteau ? demanda-t-il en plongeant le couvert dans l'assiette.
-C'était mesquin. affirma-t-elle sur un ton faussement mécontent.
Ils se mirent tous deux à rire un instant et Hurlit porta la cuillère à sa bouche mais il manqua quelque chose et fit un mouvement rapide de la tête en avant pour faire tomber la sauce dans l'assiette et non sur lui. Il avait trop rempli la cuillère et l'avait penchée un peu trop faisant ainsi couler la sauce du couvert. Marlène se mit de nouveau à rire alors que Hurlit essuya sa bouche avec un sourire au coin des lèvres. Il rouvrit enfin les yeux.
-J'aimerais bien t'y voir. fit-il sur un ton de défi.
Elle se força à cesser de rire et posa ses yeux dans les siens, fixement.
-Vraiment ? fit-elle sur un ton de défi. Tu n'as pas peur d'être ridiculisé ? enchaîna-t-elle avec assurance.
-Nullement. fit Hurlit en affichant un large sourire.
-D'accord, j'accepte le défi. déclara-t-elle.
Elle s'empara de sa fourchette, mémorisa le contenu de son assiette, ferma les yeux et alla piquer un morceau de viande. Un tintement s'ensuivit et Hurlit émit un faible ricanement. Marlène avait piqué dans le vide. Elle grommela légèrement et réitéra. Cette fois sa fourchette se planta dans un morceau de viande et elle le porta à ses lèvres. Rien ne coula ni ne tomba au désespoir de Hurlit. Mais au moment d'entrer dans la bouche de Marlène le morceau de viande s'écrasa sur la lèvre inférieure et du jus en coula. Marlène fut toutefois assez rapide pour ne pas que le liquide tombe sur elle mais bien dans l'assiette. Elle porta alors rapidement le bout de viande dans sa bouche, rouvrit les yeux et s'essuya.
-Pas facile, hein ? fit Hurlit en affichant un grand sourire.
Marlène avala sa viande et lui tira la langue. Ils se mirent alors à rire aux éclats. Les clients ne les regardaient même plus, ils étaient déjà habitués. Le fou rire passé, ils reprirent leur repas tranquillement.

Il porta une énième cuillère contenant notamment un morceau de viande à sa bouche et commença à le mastiquer. Mais plusieurs instants après il avait toujours la nourriture en bouche et la mâchait sans cesse. Marlène le fixa et se rendit compte qu'il s'était perdu dans ses pensées. Son regard portait vers l'infini, à travers la matière, et ses yeux semblaient sans fond. Elle sourit doucement, se pencha en avant et passa sa main à quelques centimètres de son visage. Hurlit se ressaisit instantanément et posa son regard sur Marlène qui reprit place sur sa chaise.
-Tu rêvais. lui expliqua-t-elle. A quoi pensais-tu ainsi ?
-A Julie, nous mangeons ici mais je ne sais pas si elle a mangé aussi et si elle daignera le faire. Cela m'inquiète un peu. avoua-t-il.
-Tu n'as pas à t'en faire. En quittant le couloir j'ai regardé par la petite vitre, elle avait mangé et dormait. déclara-t-elle. Elle ne se laissera pas mourir de faim si c'est cela que tu craignais. le rassura-t-elle.
Hurlit soupira doucement de soulagement et sourit.
-Merci Marlène.
-Ce n'est rien, je trouve que tu es un très bon choix pour succéder à Calvin. admit-elle.
Il la fixa, perplexe, c'était la seconde fois qu'elle lui disait ceci.
-Tu te soucies de ta patiente même quand tu n'es pas à la clinique. C'est assez admirable mais il ne faut pas que cela devienne une obsession.
Elle pointa alors son index devant lui et le secoua vivement pour le mettre en garde.
-Je ne tolèrerai pas que tu penses à une autre personne alors que tu es avec moi. C'est un manque de respect d'ailleurs que de mettre de côté la personne avec laquelle l'on est.
Les yeux de Hurlit s'écarquillèrent et il resta de marbre à ses mots. Il se reprit soudain et s'excusa. Marlène l'écouta se confondre en excuse, amusée, puis elle finit par se mettre à rire. Sa gêne et sa manière soutenue de s'excuser l'avaient poussée à en rire. Hurlit cessa immédiatement ses excuses et la regarda glousser. Il ne savait que dire ni faire et restait bouche bée devant son comportement. Un léger sourire finit toutefois par apparaître sur son visage.
-Tu n'étais pas obligé d'en faire tant, vraiment. fit la voix de Marlène une fois son hilarité terminée.
Hurlit allait derechef ouvrir la bouche pour sûrement s'excuser à nouveau mais Marlène plaqua rapidement son index sur sa bouche et hocha de la tête en signe de négation.
-Tais-toi. le somma-t-elle. Assez d'excuses.
Elle retira doucement son doigt de ses lèvres et Hurlit le regarda fixement s'éloigner jusqu'à ce qu'il disparaisse sous la table. Il acquiesça finalement d'un mouvement de tête et ils reprirent le repas.

Marlène fut la première à finir son plat principal, elle n'avait pas à aller à la pêche aux morceaux de viandes et de légumes ce qui facilitait la chose. Elle observa un moment Hurlit manger, qui avait d'ailleurs accéléré la cadence quand il s'était rendu compte qu'elle avait presque fini, puis prit la parole.
-Mon père était un pilote acrobatique. déclara-t-elle soudain sur un ton qui se baladait entre la neutralité et la nostalgie.
Hurlit fit une légère moue et se reprit en continuant à manger, il préféra l'écouter attentivement jusqu'au bout plutôt que de la couper.
-C'était un des meilleurs de France et d'Europe. Ma mère et nous, leurs enfants, le suivions à chacune de ses compétitions. Il y a cinq ans, alors que nous étions en Autriche pour l'un de ses concours de pilotes acrobates, un des appareils a perdu son aileron arrière en pleine représentation. Le morceau est tombé à une vitesse folle sur la foule et l'avion s'est écrasé, tuant le pilote sur le coup.
Hurlit stoppa net son mouvement et Marlène cessa un instant son récit, le regard vague et projeté dans le passé. A cet instant, il se doutait déjà de la suite de l'histoire. C'est lorsqu'elle reprit la parole que Hurlit porta sa cuillère à sa bouche.
-Nous étions dans la foule bien évidemment et nous avons été blessées par les débris. Elle porta sa main droite à son ventre hésita puis se résigna. L'aileron était descendu à une telle vitesse que personne n'a eu le temps de fuir l'endroit. Notre mère nous a protégées toutes trois. Ils l'ont transportée à l'hôpital très rapidement mais elle n'a pas survécu.
Sa voix était devenue presque inaudible sur la fin de la phrase pour s'éteindre finalement. Hurlit entrouvrit la bouche mais elle reprit avant qu'il n'ait su quoi dire.
-Il n'a pas fallu plus d'une semaine avant que notre père sombre dans la maladie. Juste le temps de revenir en France, un jour après notre retour. C'est ce jour-ci que j'ai rencontré monsieur Lokki. Etant la plus vieille de la famille, c'était à moi de m'occuper de certaines choses. Il m'a beaucoup aidé dans cette tâche.
Elle marqua un instant de pause dans son récit et Hurlit la regarda mais n'osa croiser son regard.
-Comme je passais régulièrement voir mon père, un jour j'ai accompagné Calvin dans sa distribution du repas enfin j'aurai dû le faire si je ne m'étais emportée en aidant les cuisiniers.
Elle sourit alors et continua son récit.
-Je me souviens, les pauvres hommes étaient deux et toujours à faire plusieurs choses à la fois. Si bien que ce jour là, si je n'avais pas été là, le dîner aurait brûlé. Il était évident qu'il manquait un membre à leur équipe. Alors je les ai aidés quelques jours puis Calvin m'a pris à part avec le chef des cuisines et ils m'ont demandée si je voulais intégrer l'équipe. A cet instant j'ai senti un poids énorme me quitter et une profonde joie m'envahir. J'ai accepté avec un enthousiasme non dissimulé. Je me souviendrai toujours, le chef a haussé un sourcil et a dit : J'espère que tu auras autant d'entrain et de joie lorsque tu seras dans ma cuisine. Cita-t-elle d'une voix qui se voulait grave et qui les fit sourire tout les deux. Et il est parti sans rien ajouter. Cela faisait deux semaines que notre père était dans une chambre, l'argent commençait à manquer et personne ne voulait de moi évidemment, j'étais trop jeune. Même si j'ai perdu mes parents, je ne suis pas malheureuse, loin de là, et mes soeurs non plus. Ce travail, avec le chef et Kim ainsi que Calvin, est agréable avec une bonne ambiance et me permet de gagner un bon salaire mais aussi d'avoir beaucoup de temps libre pour m'occuper convenablement de mes soeurs.
Elle revint alors dans le présent et observa Hurlit qui avait fini son plat.
-Je vois que tu as fini. enchaîna-t-elle immédiatement.
Elle ne voulait pas le mettre dans l'embarras en l'obligeant à chercher quelques formules pour tenter de faire fuir sa peine ou lui offrir quelques condoléances. Elle n'avait su quoi dire et avait voulu partager un peu d'elle avec lui, se confier à lui.
-Oui, c'était vraiment bon. Ce restaurant est vraiment excellent. affirma Hurlit en souriant légèrement, ayant bien compris pourquoi elle avait changé de sujet aussi rapidement.
-J'en suis ravi. fit la voix de Daren.
Hurlit se raidit sur sa chaise. Décidemment, il avait le don pour entendre certaines choses aux bons moments. Hurlit tourna alors la tête et le vit passer avec trois assiettes dans les mains et un grand sourire aux lèvres.
-Comme nous sommes proches des cuisines, il a tendance à entendre ce que nous disons à son passage. constata Marlène en souriant allègrement.
-C'est parfois embarrassant tout de même. avoua Hurlit.
-Oui mais il ne réplique et n'entend que quand cela n'est pas une mauvaise chose.
-En effet et ce n'est pas désagréable, je l'avoue. Il sait parfaitement jouer entre une attitude professionnelle et amicale.
-Oui, cela détend et amuse. C'est vraiment un bon chef en plus. enchérit Marlène en souriant.
Hurlit sourit aussi et le rire suivit peu après alors qu'ils se remémoraient la première fois où il avait répliqué en entendant Marlène complimenter les prix du restaurant.

Daren se présenta à eux sur le chemin du retour aux cuisines. Il s'inclina et s'empara de l'assiette de Marlène.
-Le Brama était-il à votre goût, demoiselle ? demanda-t-il en plaça l'assiette en équilibre sur son avant bras.
-Excellent. répondit Marlène. Et la présentation était parfaite.
Daren sourit de contentement et porta la main vers l'assiette de Hurlit.
-Et vous monsieur ?
-Très bien, rien à redire. dit Hurlit en le laissant reprendre l'assiette.
Daren s'inclina alors légèrement et reprit la parole.
-Je reviens de suite avec le dessert. annonça-t-il avant de les laisser.
Hurlit le regarda un instant puis posa des yeux interrogateurs sur Marlène qui le regardait, amusée.
-Et non. fit-elle. On ne choisit pas son dessert ici. affirma-t-elle en se doutant de ce qui l'avait interpellé.
-Et si cela ne plait pas ? demanda Hurlit.
-Et bien dans ce cas, tu dis ce qui ne te plait pas et ils vont préparer quelque chose à ta convenance. dit-elle. Et si vraiment tu as un différent avec le dessert, c'est seulement à ce moment qu'on t'offre une carte de desserts.
-Original. avoua-t-il. Ce restaurant est vraiment plein de surprises. Il ne fait aucun doute que je reviendrai par la suite.
-Et tu seras le bienvenu, j'en suis certaine. J'espère que je serai là pour t'accompagner d'ailleurs, tu me dois bien cela après tout. fit-elle en le fixant durement.
Hurlit sourit alors doucement.
-Bien entendu. dit-il avant d'afficher un sourire plus large.
Marlène sourit aussi et Daren sortit à cet instant des cuisines. Il portait deux assiettes de taille moyenne et se plaça à côté de la table de Marlène et de Hurlit.
-Voici le dessert. annonça-t-il.
Il déposa une assiette devant Marlène puis la seconde devant Hurlit.
-Bonne fin de repas. ajouta-t-il en s'inclinant avant de s'effacer.
Hurlit regarda son assiette, il semblait ne pas en revenir. Le dessert se composait de cinq choux reposant sur une fine couche de chocolat chaud et recouverts de sucre glace et de chocolat chaud. Une demi-banane prédécoupée en rondelle était présente sur le bord de l'assiette ainsi que trois fois deux cerises encore attachées l'une à l'autre et aussi une moitié de pêche ainsi qu'une demi-pomme, toutes deux coupées en quartiers. Les quartiers des deux fruits étaient faits en façon lapin et mettaient en valeur les deux autres fruits. La présentation subjuguait les yeux et le dessert en lui-même faisait largement saliver.
-Impressionnant n'est-ce pas ? On dirait qu'il nous somme de le manger. déclara Marlène lorsqu'il posa ses yeux sur elle.
-Oui, alors ne le faisons pas trop attendre. dit Hurlit en s'emparant de la petite cuillère et la plantant dans un des choux.
Marlène fit de même et ils mangèrent le dessert en silence.
Deux choux étaient composés de crème et deux autres de glace, l'un à la vanille l'autre au chocolat. Le cinquième, au milieu, était un mélange de crème et de glace des deux saveurs. Hurlit ne s'en rendit pas immédiatement compte mais l'assiette avait été légèrement chauffée pour conserver le chocolat fondu le plus longtemps possible au chaud. De fait à la fin du repas, lorsqu'il racla son assiette, celui-ci était encore tiède et n'avait donc pas durci. Une petite attention des plus agréables.

Lorsqu'il eu tout mangé, Hurlit soupira d'aise et laissa son dos reposer sur le dossier de la chaise. Il était totalement repu et peu après Marlène fit la même chose que lui.
-Magnifique repas. avoua Hurlit.
-Je suis ravie que la soirée t'ait plu. affirma Marlène en souriant.
-Merci de m'avoir invité vraiment. renchérit Hurlit.
-La prochaine fois c'est toi qui invite. déclara-t-elle en souriant et le fixant dans les yeux.
Daren qui revenait d'une autre table s'arrêta à côté d'eux en voyant qu'ils avaient tous deux fini.
-Je vois que le dessert a été à votre goût, notamment vous monsieur. fit le chef avec un regard amusé en observant l'assiette de Hurlit.
En effet celle-ci était totalement vide, au premier coup d'oeil on aurait presque pu croire qu'il l'avait léchée.
-Euh... oui c'était très bon. fit Hurlit décontenancé.
Daren se mit à rire et s'empara de l'assiette de Marlène qui souriait largement.
-C'est un honneur pour moi de voir une telle assiette, ne soyez pas si confus d'avoir apprécié le dessert à ce point. le rassura Daren en prenant son assiette.
Hurlit, qui avait viré au rouge, acquiesça doucement pour le remercier de ces paroles.
-Dois-je débarrasser la table ou vous restez un peu ? demanda Daren, une fois les deux assiettes sur son avant bras gauche.
-Nous allons quitter les lieux. affirma Marlène après avoir jeté un coup d'oeil à Hurlit qui était du même avis qu'elle. Vous pouvez tout débarrasser. ajouta-t-elle.
-Bien. fit Daren en s'écartant légèrement. Dans ce cas, je vais aller au comptoir et vous attendre.
Le chef s'inclina et disparut dans les cuisines.

Quelques minutes après, Marlène et Hurlit étaient dehors devant le restaurant.
-Alors pas déçu de finalement avoir accepté d'être venu ? demanda-t-elle.
Hurlit sourit doucement en se souvenant qu'elle l'avait plus forcé qu'autre chose.
-Absolument pas. répondit-il. Ce restaurant est vraiment excellent.
Marlène pointa alors la direction à sa droite et Hurlit acquiesça. Il allait aussi par là.
-J'ai vraiment passé une agréable soirée en ta compagnie. affirma-t-elle après quelques pas en tournant la tête vers lui.
-Moi aussi, ce fut agréable et nous avons bien rit au point d'attirer de nombreuses fois le regard des autres. dit Hurlit en souriant largement.
Ils se mirent tous deux à rire et Marlène frissonna soudain. Hurlit haussa un sourcil en le constatant et hésita un long moment avant de retirer sa veste et de la lui tendre sans vraiment la regarder.
-C'est mauvais pour la digestion. se justifia-t-il.
Marlène sourit de nouveau et la prit pour la poser sur ses épaules en le remerciant.
Ils continuèrent alors en silence en observant les diverses illuminations des vitrines. Quelques minutes après, ils parvinrent à une intersection et, alors que Marlène allait prendre à droite, Hurlit s'arrêta.
-Je continue tout droit. dit-il en la retenant gentiment par le bras.
Elle fut légèrement surprise par son mouvement mais n'en laissa rien paraître, cela ne la dérangeait nullement.
-D'accord. On se voit demain de toute manière. affirma-t-elle en souriant et se plaçant face à lui.
Hurlit acquiesça et Marlène posa sa main sur le col de la veste mais Hurlit l'empêcha de la retirer.
-Tu me la rendras demain. dit-il en souriant doucement. Et non, cela ne me dérange pas.
-Bien. fit-elle en retirant sa main du col.
Elle se pencha alors en avant et lui fit la bise avant de lui souhaiter une bonne soirée et une bonne nuit. Il lui souhaita la même chose et ils se séparèrent. Après quelques pas, l'un comme l'autre ressentit un léger déchirement dans la poitrine qu'ils attribuèrent à la fin d'une soirée aussi agréable.

Publié dans La Maladie du Coeur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article